Capture d'écran Los Angeles Times

Actuel – 19.04.2016

Et si le Prix Pulitzer faisait sa « révolution » ?

La 100e remise des prix Pulitzer s’est déroulée lundi 18 avril à New-York. Retour sur quelques faits à retenir et les perspectives d’avenir d’un prix considéré comme l’un des plus prestigieux du monde en journalisme. Par Sylvain Bolt.

Le Washington Post a reçu le prix Pulitzer du meilleur reportage national. Suite à la mort d’un Afro-Américain, Michael Brown, tué en 2014 par un policier, une équipe de journalistes a compté le nombre de personnes tuées par la police aux Etats-Unis pour vérifier si cela était un cas isolé. En utilisant des articles de journaux, des enregistrements publics et des données sur internet, l’équipe a comptabilisé près de 1000 personnes tuées par la police en 2015 et révélé que des personnes noires non armées étaient sept fois plus tuées que des personnes blanches par la police. Quand le journalisme de données met à la lumière des statistiques « oubliées ».

Dans la catégorie « Breaking News », c’est le Los Angeles Times qui a hérité du prestigieux prix pour a couverture exceptionnelle du massacre de San Bernardino (Californie) en décembre dernier. Un jeune couple d’origine pakistanaise, auto-radicalisé, avait tué 14 personnes. Cela montre l’importance des médias locaux, qui disposent d’un réseau qui leur permet de réagir très rapidement à ces évènements exceptionnels et qui leur donne une longueur d’avance sur les médias nationaux.

2’000 esclaves libérés et de nombreuses arrestations effectuées. L’agence de presse AP a mérité son Pulitzer « service public », le plus convoité, pour une enquête en Asie sur les conditions de travail de pêcheurs esclaves, dont les crevettes finissaient aux Etats-Unis. La force du journalisme d’investigation récompensée.

Concernant la photographie de presse, une équipe de quatre photographes du New York Times a reçu un prix pour sa couverture de la crise des réfugiés en Europe. Ou quand une image vaut 1000 mots.

Au total, le jury Pulitzer avait reçu quelque 3.000 candidatures pour ces prix décernés dans 22 catégories, dont 1.112 pour les 14 catégories de prix journalistiques. Depuis l’année passée, les magazines ont fait leur entrée dans la course à la distinction. Et lundi 18 avril, le New Yorker a été le premier magazine a remporter le prix, respectivement deux, attribués à la critique de télévision Emily Nussbaum et à Kathryn Schulz.

Cette entrée des magazines (depuis 2015), mais aussi des publications entièrement sur Internet (depuis 2008) dans la course au Pulitzer ouvre des perspectives, mises en avant par le manager de Poynter.org, Benjamin Mullin.

Pourquoi exclure les radios et télévisions de la compétition alors que nous sommes entrés dans l’ère du digital ? Alors que le monde des médias est globalisé, pourquoi confiner le prix au journalisme américain uniquement ? De plus en plus de médias veulent faire participer leur audience et engager le lecteur. Pourquoi ne pas concrétiser cela en intégrant lecteurs et internautes dans la très fermée commission d’attribution du Prix Pulitzer ?

Et finalement, pourquoi le prix Pulitzer ne ferait-il pas sa « révolution » ?

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

Votre commentaire

Veuillez remplir tous les champs.
Votre adresse e-mail n'est pas publiée.

* = obligatoire

Code de vérification *