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Actuel – 03.05.2016

Journée mondiale de la liberté de la presse : la Suisse n’est pas un « élève modèle »

A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, lancée il y a 23 ans par la déclaration de Windhoek (Afrique du Sud), gros plan sur la question en Suisse. Par Sylvain Bolt.

Impressum a publié le mardi 3 mai un communiqué évoquant un climat qui n’est pas propice à une liberté de la presse totale en Suisse. Une étude conjointe de l’Université de Fribourg et d’impressum démontre en effet que les suppressions de postes influent sur l’indépendance journalistique. Et ces licenciements ont été nombreux en 2015. Notamment en mars avec la fusion des rédactions de l’Hebdo, du Temps, d’Edelweiss et de Bolero qui a provoqué dix licenciements au Temps et 5 à Edelweiss. De même avec les 250 postes supprimés à la SSR.

Aux concentrations qui rognent la pluralité des médias et aux licenciements qui menacent la liberté de la presse, le communiqué constate la disparition pure et simple de journaux (Edelweiss, Beobachter natur et récemment Tout compte fait), d’émissions (« Hautes fréquences », « Faut pas croire » sur la RTS), d’agences (AR Presse, l’agence romande de presse à Neuchâtel, a été supprimée à l’automne 2015) et d’imprimeries (dès mai 2016, L’Express, L’Impartial et La Côte ne sont plus imprimés à Neuchâtel mais à Lausanne).

Pressions et tentatives d’influence

Au delà des faits comptables, il existe aussi des faits moins faciles à cerner mais qui menacent également la liberté de la presse en Suisse. Impressum illustre ce fait par un abonnement communal au « Courrier » résilié car considéré comme « l’instigateur principal des déboires versoisiens » pour s’être fait l’écho d’un rapport de la Cour des comptes pointant la mauvaise gestion interne de la commune. Les pressions et tentatives d’influence existent en Suisse aussi.

L’association professionnelle des journalistes en Suisse dénonce encore les entraves à la liberté de la presse lorsqu’elles se manifestent devant la justice. Elle signale le cas du « Courrier » et de sa rédaction en chef, attaqués pour une enquête sur les origines de la fortune de Jean-Claude Gandur, dans le cadre de la rénovation (avortée) du Musée d’art et d’histoire à Genève.

Une citation pour conclure :  « La séparation stricte entre le marché publicitaire et la partie rédactionnelle d’un journal est devenue beaucoup plus difficile qu’il y a vingt ans, lorsque les conditions financières permettaient de donner la priorité absolue à l’indépendance rédactionnelle. (…) En tant qu’éditeur, je ne peux pas jouer les héros et risquer de susciter la colère d’un client important ». Elle est l’œuvre de Hanspeter Lebrument, président de Schweizer Medien, dans la NZZ am Sonntag.

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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