Portraits du paysage – 25.03.2016

La presse de supermarchés

CoopMigros

Sous la pub, les journaux.

Un magazine Migros, un journal Coop… ces deux titres nous sont si familiers, et pourtant. Ils sont bien produits et publiés par les deux géants de l’alimentaire en Suisse. Alors que l’on parle de « journaux ». Le cas de figure, me semble-t-il, fait réfléchir.

Après quelques recherches dans les pays alentour, on trouve des publications similaires, mais selon des rythmes plus espacés. Et surtout, sans le même succès populaire. Car ce qui impressionne réellement, c’est la place qu’occupent les deux hebdomadaires dans le classement des titres les plus lus en Suisse. En 2015 et selon la REMP, le tirage du journal Coopération atteignait les 607 650 exemplaires au niveau national. 20 Minutes en est quotidiennement à plus de 667 000. Le volume à imprimer est tel que le magazine de la Coop mobilise chaque semaine plusieurs imprimeries en Suisse pour parvenir à être livré dans les temps. On comprend donc que les moyens investis pour le « moyen principal de communication du groupe » (selon le rédacteur en chef de l’édition en français, Thierry Délèze) sont considérables.

Vieux comme les premiers journaux

La naissance du magazine de la Coop remonte à la toute fin du 19ème siècle. Ce journal serait lié à l’organisation en coopérative qui a constitué les débuts de la marque. Peu de temps après la fondation d’une Union suisse des sociétés de consommation, la volonté d’informer les sociétaires débouchera sur la parution de la « Correspondance de l’Union suisse des sociétés de consommation ». On est bien loin du titre marketing et de la une colorée d’aujourd’hui.

Un journal, vraiment ?

Il n’empêche, le journal a traversé les époques et s’est développé en même temps que sa marque. La rédaction romande du magazine compte désormais une douzaine de journalistes…Vraiment journalistes ?
L’hebdomadaire est dense. Il l’est un peu moins une fois les feuillets promotionnels mis de côté. Il rétrécit encore si l’on supprime les articles à caractère purement commercial. Mais un vrai travail éditorial demeure. Même si le lien avec un produit ou une actualité de l’autre géant orange n’est jamais loin. On y trouve des interviews, des reportages qui pourraient très bien figurer dans un autre média. Le travail journalistique est donc peu mais bien présent. Et le mélange des genres d’articles est intéressant si l’on lit ces hebdomadaires de manière critique.

Lorsque l’on connaît les nouvelles techniques publicitaires grâce auxquelles les annonceurs peuvent influencer les contenus des médias qu’ils sollicitent (on appelle ça le « native advertising »), le débat sur la nature journalistique ou non d’un magazine comme celui de la Coop ou de la Migros prend encore plus de sens.

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