Actuel – 01.10.2014

Assises (2) – Les reporters ciblés

Que faire pour protéger les journalistes dans les zones de conflit ? Débat d’actualité peu après les assassinats de deux journalistes américains en Syrie. Compte-rendu par trois étudiantes de l’AJM (*) qui ont assisté aux Assises du journalisme, mercredi 24 septembre à Lausanne.

Depuis le début de l’année, une centaine de journalistes ont déjà perdu la vie. Si quelques pistes d’amélioration ont été évoquées, le constat majeur a été l’extrême difficulté à aboutir à des solutions concrètes. «Nous sommes loin du temps où les lettres TV sur une voiture suffisaient à protéger des balles», a déclaré Sébastien Faure, reporter pour la RTS.

Blaise Lempen, correspondant de l’ATS à l’ONU et secrétaire général de la Presse Emblème Campagne, a dénoncé un «degré de violence sans précédent», rendant la couverture des affrontements plus dangereuse que jamais. «Outre leur multiplication, leur nature a évolué. Ils opposent des groupes armés qui n’ont pas de ligne de front stable et aucun respect du droit international», a-t-il affirmé. Une augmentation due à la situation d’impunité des tueurs, selon Ricardo Gutierrez, secrétaire général de la Fédération Européenne des Journalistes. «Il est illusoire de croire que les États en conflit vont enquêter», a ajouté Blaise Lempen.

Tous deux journalistes de terrain, Sébastien Faure et Patrick Vallélian ont agrémenté le débat de leurs témoignages. «Aujourd’hui, il faut de la chance pour ne pas être tué ou enlevé», a rapporté le premier. Et le second d’ajouter que les journalistes sont désormais des cibles désignées lors de conflits armés.

Claude Wild, chef de la sécurité humaine au Département fédéral des affaires étrangères, a proposé des pistes de réflexion : « Il s’agit de faire de l’ingénierie de terrain. Il faut se sortir de la tête que les États ou l’ONU vont protéger chaque journaliste. Ils n’arrivent déjà pas à assurer la sécurité des civils. » Une idée nuancée par Ricardo Gutierrez, qui a rappelé que la FEJ avait tenté d’instaurer un dialogue entre les parties prenantes du conflit en Ukraine. En vain. «Les coopérations entre reporters sont difficiles à atteindre: les journalistes russes et ukrainiens sont devenus des soldats dans une guerre de l’information. Mais leur salut doit impérativement passer par la mise en place d’une collaboration intensive entre eux, peu importe leur nationalité. »

Flore Amos, Sandra Hildebrandt, Coraline Kaempf

(*) Académie du journalisme et des médias, à l’Université de Neuchâtel

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