Actuel – 25.09.2014

Assises (3) Le débat sur la qualité

« La liberté du compte-rendu est restreinte de diverses façons » : c’est la conclusion d’une étude présentée ce mercredi aux Assises du journalisme, à Lausanne. Fondée sur un sondage mené auprès d’un millier de journalistes, elle constate que leurs conditions de travail se dégradent, le temps leur manque et les pressions augmentent.

Au cours du débat qui a suivi, réunissant des éditeurs et journalistes, Serge Reymond, responsable des publications romandes chez Tamedia, s’est dit surpris par ces résultats. Il reconnaît que les journalistes ne disposent pas de tout l’espace qu’ils souhaiteraient, mais « c’est parfois dans la contrainte qu’on est le plus créatif. » Pas question, selon lui, « de transiger sur la qualité, ce serait une erreur de marketing, sans parler de déontologie. » Comment définir la qualité ? « C’est ce qui est lu. »

Directeur de Ringier Romandie, Daniel Pillard reconnaît que « la pression s’accroît et nous devons faire des compromis. Nous faisons des choses aujourd’hui que nous ne faisions pas hier, comme les fausses Unes. Et les annonceurs parlent ouvertement d’entrer dans l’espace rédactionnel. » Néanmoins, il estime que « les journaux aujourd’hui sont meilleurs qu’il y a 30 ans ! A l’époque on y lisait davantage de dépêches. » A la différence de Tamedia, qui veut obtenir de bons rendements dans ses activités de presse, Ringier cherche ses revenus ailleurs parce que « le journalisme ne peut plus financer le journalisme. »

Et dans le service public ? Là aussi, la pression sur les journalistes augmente, dit Gilles Marchand, directeur de la RTS. Non parce que les moyens diminuent, mais parce qu’il faut produire davantage (multimédia).

Faire appel à une aide directe de l’Etat pour soutenir la presse ? Serge Reymond ne veut pas entrer en matière. « Soutenir l’ATS, oui, des aides indirectes, oui, mais si nous avons besoin de l’aide de l’Etat pour survivre, nous y perdrons notre liberté. » Même refus chez Daniel Pillard : « Regardez la déliquescence de la presse française, portée à bout de bras. Nous ne pouvons pas dépendre de l’Etat. Mais une aide à la formation des journalistes, c’est une bonne idée. » Professeur à l’Université de Fribourg et co-auteur de l’étude, Manuel Puppis souligne que dans les pays scandinaves, la presse bénéficie d’une aide directe qui n’affecte en rien son indépendance. « Evitons les débats idéologiques, un soutien de l’Etat ne signifie pas qu’on est en Corée du nord. »

Producteur de Temps présent à la RTS, Jean-Philippe Ceppi a regretté que le débat n’aborde pas le problème principal : « Ce qui va nous occuper à l’avenir, c’est l’érosion des lecteurs, le vieillisement des spectateurs. Est-ce que nos enfants seront encore intéressés par l’information ? »

 

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