Actuel – 09.04.2013

Lettre ouverte à Raymond Loretan

Nous le savons, vous êtes un homme occupé. Vous portez, en tant que président de la SSR, entité publique au service de l’audiovisuel, une lourde responsabilité. Votre tâche ne s’arrête pas là. Ex-président et actuel vice-président du conseil d’administration du groupe Genolier, vous faites aussi partie du petit groupe stratégique qui dirige cette entreprise de santé cotée en bourse.
C’est sans doute à cause de la surcharge de travail que vous donnez parfois l’impression de ne plus vraiment distinguer vos rôles. Comme par exemple, lorsque vous expliquiez, le 17 janvier dernier à la Radio Suisse Romande, les intérêts stratégiques de "votre groupe", en parlant bien sûr de Genolier et de sa mission de privatiser le système hospitalier en Suisse. Ou lorsque vous participiez à une conférence de presse de Genolier pour annoncer la reprise de l’hôpital
La Providence, le 18 février, en pleine grève des employés de La Providence.
A chaque fois, vous avez eu affaire à des journalistes de votre groupe SSR, à qui vous expliquiez les intérêts de Genolier. Alors qu’à nous journalistes, on rappelle à toute occasion – et c’est bien comme cela – que nos droits et devoirs nous demandent de nous désister, dès que le moindre conflit d’intérêt entre nos intérêts privés et ceux de notre profession se dessine à l’horizon.
Vu ce que vous défendez pour Genolier, nous supposons qu’en tant que président de la SSR, vous êtes aussi d’accord avec la privatisation d’une petite radio qui jusqu’ici fait partie du service public. Nous parlons de World Radio Switzerland que vous voulez livrer, pieds et poings des employés liés, à des privés.
Comme les employés de la Providence, ceux de WRS devront alors payer de leur personne, obligés de se contenter de conditions de travail et de rémunération moindres. Pire, ils courent le danger de se faire virer dès le premier jour de la reprise.
Est-ce cela, votre Idée Suisse? Pour le compte de Genolier, vous ne vous lassez pas d’affirmer que le privé fait mieux et moins cher que le public. Pour les hôpitaux, cette vision débouche sur une santé à deux vitesses. Et pour la SSR? Sur un service public qui ne ferait plus que le strict nécessaire, en laissant tout ce qui rapporte des bénéfices aux privés?
Il nous semble pourtant nous souvenir que lors de votre élection à la présidence de la SSR vous aviez loué avec insistance la grande mission du service public. Avez-vous, entre-temps, changé d’opinion, ou n’est-ce qu’un regrettable manque de temps dû à votre surcharge de travail?
Dans tous les cas, il serait temps, peut-être, que vous choisissiez entre vos deux groupes. Que vous utilisiez votre droit – et votre devoir – de vous désister de la présidence de l’un ou de l’autre.
Avec nos salutations les meilleures.

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