Actuel – 09.02.2017

Comment Facebook s’associe aux médias contre les « fake news »

Lors de la dernière semaine avant le scrutin présidentiel aux Etats-Unis, les internautes ont partagé plus d’infos erronées que de vraies sur les réseaux sociaux. Facebook s’allie désormais aux médias pour signaler les fausses nouvelles. Par Sylvain Bolt.

Devenue première plateforme d’échange d’informations en 2016, Facebook a été critiqué pour avoir diffusé de fausses nouvelles durant la campagne présidentielle américaine. En décembre dernier, le réseau social a réagi en concluant aux Etats-Unis une série d’alliances avec les médias. Facebook s’est donc lié avec Snopes, site de vérification journalistique, ainsi qu’avec notamment l’agence de presse Associated Press et ABC News. Le but étant de repérer les «fake news» à l’aide d’une signalétique sous forme d’avertissement au lecteur. Le principe est simple : un logo apparaîtra ou une fenêtre s’ouvrira et l’internaute pourra savoir pourquoi le contenu est sujet à caution en étant invité à suivre un lien pour lire un article l’expliquant.

Les alliances se sont poursuivies en Europe où Facebook a lancé mi-janvier un partenariat avec l’association de journalisme d’investigation allemande Correctiv, chargée de vérifier les informations potentiellement fausses. A l’approche des élections fédérales, qui se tiendront en septembre prochain, l’Allemagne s’est montrée particulièrement ferme sur la question des «fake news».

Les rédactions françaises unies sous le projet «CrossCheck»

En France, aussi, le premier tour de l’élection présidentielle qui approche a amené Facebook à se lier aux médias de l’Hexagone. Le réseau social a annoncé cette semaine qu’il allait déployer en France son dispositif de signalement par ses utilisateurs d’une information qu’ils pensent être fausse. Huit médias partenaires (dont le Monde et l’AFP notamment) seront chargés de la vérifier. Si deux médias partenaires établissent que le contenu signalé est faux, ils proposent un lien qui en atteste et l’internaute sera informé.

Facebook s’associe aussi au dispositif du News Lab de Google baptisé CrossCheck, qui permettra de mettre en commun les expertises d’acteurs des médias et des technologies, dans le but de détecter les «fake news». Elle sera lancée le 27 février en France et réunira 17 partenaires médias.

Les limites du dispositif

L’idée de profiter d’internautes avertis et du professionnalisme des journalistes semble quelque chose de positif. Le fait de responsabiliser l’audience en l’enjoignant d’adopter des nouveaux réflexes pour modifier, interroger, et sécuriser ses pratiques de lecture également. Une des limites du dispositif pourrait toutefois privés de la viralité qui fait leur succès des sites parodiques comme Le Gorafi. Ces derniers pourraient être «étouffés» par les signalements.

Enfin, n’est-ce pas à Facebook, qui a proposé ce modèle, de chasser lui-même les «fake news» ? Car avec ces dispositifs, Facebook et Google délèguent aux médias le travail de «fact-checking» et ont tout à gagner puisque cela nécessite peu d’investissement et d’organisation tout en leur permettant de redorer leur image suite aux critiques liées aux élections américaines.

Face aux deux géants du Web, les médias ont-ils vraiment le choix? Au mieux pourront-ils réclamer des compensations financières pour le travail effectué par leurs journalistes. Un bilan sera rendu dans deux mois. Il permettra d’attester ou non de l’efficacité des mesures anti- fake news.

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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