Actuel – 20.04.2018

Comment va évoluer la relation SSR-Admeira?

Ringier et Swisscom négocient pour la reprise de la part de la SSR dans leur régie publicitaire commune Admeira. Si elle se retire comme actionnaire, la SSR ne veut pas se passer d’Admeira pour autant.

Lors d’une conférence du bilan de son exercice 2017 le 11 avril, Ringier a annoncé avoir dégagé un bénéfice en hausse à 110,6 millions de francs. Qui repose notamment sur les mesures mises en œuvre dans l’ensemble du groupe en vue d’accroître l’efficacité, avec comme conséquence la disparition de l’Hebdo et la fermeture du centre d’impression d’Adligenswil (lire EDITO 6/ 2017).

Mais le groupe a aussi annoncé négocier avec Swisscom la reprise des parts de la SSR (33,3%) dans la régie publicitaire Admeira. Dans l’émission de la RTS Forum du même jour, Gilles Marchand (directeur de la SSR) a confirmé que des discussions étaient en cours, affirmant que le partenariat publicitaire «a créé pas mal d’émotions et quelques tensions avec certains acteurs de la presse écrite et certains acteurs politiques».

Un premier pas? 

Dans un communiqué de presse publié le même jour que l’annonce de Ringier, soit le 11 avril, l’association «Verband Schweizer Medien» (voir le rappel des faits ci-dessous) a salué ce qu’elle a qualifié de «premier pas» de la part de la SSR et qui a selon elle montré qu’Admeira était «une erreur politique».

Gilles Marchand a confirmé dans l’émission Forum mener depuis plusieurs mois des discussions pour remettre les actions de la SSR dans Admeira, afin de faire entrer de nouveaux acteurs dans la régie publicitaire.

«La solution qui se dessine consiste à différencier notre présence en tant qu’actionnaire de notre présence en tant que participant avec la commercialisation de nos chaînes», a encore affirmé Gilles Marchand, précisant toutefois que rien n’était fait pour l’instant. Une telle opération n’affecterait pas la commercialisation par la SSR de ses publicités via Admeira, assure Ringier. Donc la revente des actions détenues par la SSR ne signifierait nullement la sortie du service public d’Admeira.

Quelle sera la nature du futur contrat entre la régie publicitaire Admeira et la SSR? Car si elle est prête à ne plus être actionnaire, la SSR ne veut et ne peut pas tirer un trait sur des millions de rentrées publicitaires que lui offre la principale société de commercialisation en Suisse.

Rappel des faits 

Admeira est le fruit d’une alliance en avril 2016 entre Swisscom, Ringier et la SSR pour contrebalancer la force de frappe publicitaire des géants du net comme Google, Facebook et Youtube. La participation de la SSR à la régie publicitaire a été débattue dès ses débuts et a fait l’objet de nombreuses critiques pendant la campagne sur No Billag. Cette collaboration d’un média de service public, sans but lucratif et bénéficiaire de la redevance, dans une régie publicitaire avec des acteurs privés a été jugée problématique autant du côté des politiques que des éditeurs privés. L’association des médias privés alémaniques, «Verband Schweizer Medien», avait d’emblée exigé le retrait de la SSR d’Admeira, estimant que sa stratégie de développement et ses ambitions par rapport à une concurrence internationale sont clairement incompatibles avec une activité très restreinte sur le terrain commercial.

En octobre 2016, le Tribunal administratif fédéral (TAF) avait jugé que l’association «Verband Schweizer Medien» et les autres entreprises de médias recourantes disposaient d’un droit de recours dans la procédure concernant la participation de la SSR à Admeira et obtenaient ainsi la qualité de partie. En novembre 2016, convaincue que l’introduction d’un droit de plainte populaire effectif contre ses coopérations entrait en contradiction avec la législation, la SSR avait déposé plainte contre le jugement du Tribunal administratif fédéral.

Finalement, dans un arrêt publié le 14 mars 2018, le TF a confirmé la qualité de partie de l’association «Verband Schweizer Medien» et de neuf éditeurs privés, qui auront ainsi leur mot à dire dans la participation de la SSR à la joint-venture publicitaire Admeira. Les entreprises de presse, parmi lesquels figurent Tamedia et AZ Medien et qui s’opposaient au recours de la SSR, «ont établi de manière suffisamment claire que l’entreprise de promotion publicitaire Admeira, commune à la SSR, à Ringier et à Swisscom, menaçait d’entraver considérablement leur développement», selon le TF.

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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