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Actuel – 26.02.2016

Des journalistes «robots», vraiment?

Alors que les technologies tendent à remplacer les rédacteurs, un expert s’interroge: le terme de «robot» est-il vraiment approprié? Par Loïc Delacour.

L’automatisation touche décidément tous les corps de métier. Et les journalistes, tout comme les caissiers de supermarché ou les conducteurs de métro, ne sont pas à l’abri de se voir remplacer par des machines. Le logiciel Wordsmith d’Automated Insights permet déjà de générer des articles simples, comme des comptes-rendus sur les profits des entreprises, une fonctionnalité utilisée notamment par l’Associated Press (AP) depuis plusieurs mois.

Or depuis l’émergence de cette tendance, une nouvelle terminologie est apparue pour qualifier le phénomène: les «robots journalistes». Si elle est dorénavant utilisée dans tous les articles qui traitent du sujet, elle ne convint pas Will Oremus, rédacteur chez Slate.com et spécialiste des nouvelles technologies. Il a cherché, sans trop de succès d’ailleurs, une autre façon de les appeler.

Cette réflexion n’est pas anodine. Premièrement, les journalistes se doivent de trouver les mots justes. Ensuite, l’emploi de «robot» tend à orienter la perception de cette innovation. Le lecteur pourrait en effet imaginer une sorte de R2D2 tapotant sur un clavier à la place d’un vrai journaliste, mais il s’agit plus simplement de programmes informatiques basé sur des algorithmes.

Le terme sous-entend également une forme d’intelligence artificielle et donc d’une certaine capacité à la prise de décision. La plateforme Wordsmith, qui est en fait un outil générant automatiquement du texte, ne rentre clairement pas dans cette catégorie.

Selon Will Oremus, les journaliste ne doivent d’ailleurs pas craindre pour leur emploi dans un avenir proche. Il en veut pour preuve la déclaration d’Associated Press lors de l’annonce de son partenariat avec Automated Insights. L’entreprise affirmait n’avoir pas remplacé les rédacteurs par le logiciel, mais leur avait attribué des tâches plus créatives qui ne peuvent pas être automatisées. Pour l’instant tout du moins.

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