Actuel – 12.05.2017

Droits TV sportifs : jusqu’où ira-t-on ?

La guerre des diffuseurs a-t-elle atteint son paroxysme en France? SFR Sport a déboursé 350 millions d’euros par an pour les droits de diffusion de la Ligue des champions et de la Ligue Europa de football de 2018 à 2021.

SFR Sport est arrivé dans l’univers audiovisuel il y a moins d’un an. Pourquoi un opérateur téléphonique est-il entré dans le marché des diffuseurs de sport pour en devenir l’un des géants en France?  Selon Libération , «la stratégie commerciale de l’opérateur repose sur un modèle de «convergence» entre les réseaux et les contenus. Pour se différencier des concurrents, notamment Orange, et recruter de nouveaux clients, il intègre à la plupart de ses offres d’abonnement à l’Internet fixe et au mobile des services de média. C’est le cas du kiosque numérique SFR Presse, qui donne accès à 80 titres (l’Equipe,Libération,Paris Match…) ou de SFR Play, un catalogue de vidéo à la demande en illimité».

Cet appel d’offres (350 millions d’euros par an pour les droits de diffusion de de la Ligue des champions et de la Ligue Europa de 2018 à 2021) marque une nouvelle étape dans l’inflation spectaculaire des droits sportifs, devenus objet de convoitise des chaînes de télévision payantes mais donc désormais aussi des opérateurs de téléphonie désireux de se faire concurrence sur le terrain des contenus.

Le téléspectateur, grand perdant?

Si l’UEFA se frotte les mains en faisant jouer la surenchère, le téléspectateur fan de foot semble le grand perdant. Selon un article de Goal.com, le fan de foot français qui veut avoir accès à l’ensemble des grandes compétitions masculines de football doit accumuler divers abonnements (SFR Sport, beInsport et Canal+) pour un montant mensuel de 70€ minimum. Un montant qui peut même grimper jusqu’à 85€ afin de bénéficier de l’ensemble de l’offre sur ordinateurs, smartphones et à la télévision. Pauvre téléspectateur ?

«Le problème avec le consommateur, c’est que c’est lui qui fait ses choix. Et s’il est assez bête, entre guillemets, pour payer toujours plus, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même», affirme l’économiste Jean-Pascal Gayant dans 20 minutes France. «Après c’est vrai qu’on peut aussi se dire qu’il y a une espèce de caractère de bien public autour de la diffusion du spectacle sportif en direct mais c’est une autre question».

Le sport à la TV, du service public?

Un débat qui avait été abordé dans un précédent numéro (lire EDITO – 3/ 2016), en se posant notamment la question de savoir si la SSR ne dénaturait pas le débat de fond sur le service public en prétendant que le sport était «au cœur» du mandat parce qu’il générait des émotions et rassemblait parfois le public suisse.

Selon un rapport de la COFEM cité dans notre dossier consacré au sport à la TV (lire EDITO – 3/ 2016), la SSR consacre 20 à 25% du montant alloué au sport pour l’acquisition des droits, estimé entre 60 et 80 millions de francs. «Il devient de plus en plus compliqué de trouver une balance entre d’une part les mesures d’économie de la maison SSR et, d’autre part, les attentes des détenteurs des droits tv», nous confiait dans ce même dossier Adrian Boss, qui négocie les droits pour la SSR.

La RTS a obtenu les droits de diffusion de la Ligue des Champions la saison prochaine. Ensuite, «les négociations sont en cours», selon un tweet du responsable des sports Massimo Lorenzi. Affaire à suivre donc.

 

 

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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