Capture d'écran "The Guardian"

Actuel – 23.03.2016

Faire face à la publicité déguisée

La frontière entre contenu rédactionnel et publicitaire devient toujours plus floue. La faute notamment à la publicité « nouvelle génération » ou « native advertising », qui a pour but de remettre l’utilisateur au centre du dispositif publicitaire. Un logiciel a été mis au point pour repérer ces « faux articles ». Par Sylvain Bolt.

Grâce au « native advertising », les messages sont mieux ciblés, plus qualitatifs et mieux intégrés au contexte du média. Il peut s’agir d’un « article » sur le site d’un média mais aussi sur Facebook ou Twitter sous la forme de liens ou tweets sponsorisés. Et cette publicité déguisée en article de presse a le vent en poupe. Elle détrône largement la publicité en ligne « traditionnelle »  (vidéo ou bannières par exemple). Et devrait, d’après une étude publiée par Yahoo et Enders Analysis (cabinet d’études anglais spécialisé dans les médias), (…) progresser de 156% d’ici à 2020.

L’étude explique ce succès par deux facteurs, dévoilés par le site « arrêt sur images ». Premièrement, de plus en plus d’internautes consultent des contenus sur mobile et il est plus difficile d’insérer de nombreuses bannières et vidéos publicitaires sur un écran de téléphone que sur celui d’un ordinateur. Il est ensuite plus difficile de discerner un vrai article d’un article sponsorisé sur un petit écran. Enfin, le « native advertising » permet de contourner un autre phénomène de masse qui inquiète autant annonceurs qu’éditeurs : les bloqueurs de pub. Des logiciels qui permettent de supprimer bannières et vidéos publicitaires du navigateur (comme Adlock plus) mais qui ne parviennent pas à supprimer le « native advertising » vu que celui prend la forme d’un article.

Le magazine « Première » a par exemple signé un article assez flatteur sur le film Spotlight. Un article sponsorisé par…Warner Bros, le distributeur du film. Un procédé dénoncé sur Twitter par un internaute, auquel le magazine s’est défendu d’avoir  eu un « coup de coeur » pour le film avant le choix du sponsor, et non l’inverse. Et d’avoir eu l’honnêteté de préciser qu’il s’agissait d’un article sponsorisé.

   

Pour lutter contre le phénomène, un petit logiciel, Ad Detector (téléchargeable sur Chrome  ou sur Firefox) propose de trier ce qui est de la pub ou non. Uniquement pour les sites anglophones et qui indiquent (même en tout petit) qu’il s’agit d’une publicité. Environ 15’000 personnes l’utilisent et Ad Detector démasque les pubs cachées dans plus de 100 journaux de référence. En attendant une version francophone ?

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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