Actuel – 16.12.2013

Imagine

La crise des médias ne fait pas que redimensionner le faste des fêtes de fin d’année. Elle exacerbe aussi la complexité de la relation qu’entretiennent les journalistes avec leur employeur. En haut de la hiérarchie, on rivalise en courbettes. En bas, on se déchaîne contre ce nabab qui réduit l’emploi et presse ses employés comme des citrons.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

De l’autre côté de la barrière, les attitudes ne sont pas exemptes de contradictions non plus. Le propriétaire d’un journal est fier de contribuer à un rouage essentiel de la bonne marche d’une société, l’information démocratique. Mais l’éditeur est aussi et avant tout un chef d’entreprise. S’il soigne ses relais au sein des médias, la direction et la rédaction en chef, il n’exige pas moins de ces derniers qu’ils respectent l’ordre de préséance en assumant benoîtement les consignes budgétaires.

Plus en aval, la piétaille est digne de considération dans la mesure où elle se tient coite. Après avoir dénoncé la convention collective de travail, en décembre 2012, les éditeurs romands, refusant d’entrer en matière sur la question des barèmes, ont agi comme s’ils ne faisaient aucun lien entre le niveau des salaires et la qualité de l’information.

Il n’est pourtant pas interdit de rêver et d’imaginer une coexistence plus saine où les parties s’estimeraient à leur juste valeur. Avec, d’une part, des éditeurs à la fois conscients de leur responsabilité citoyenne et respectueux de la personnalité des journalistes et de leur rôle dans la communauté. Et, d’autre part, des journalistes adultes, capables d’éprouver un minimum d’empathie envers leur employeur pendant les périodes de vaches maigres. Mais pour cela il faudrait d’abord un effort mutuel, une civilité, un regard nouveau des uns sur les autres et vice-versa. Un contrat, non plus seulement matériel, mais également humain. Un projet de société, pour reprendre une expression à la mode.

C’est sur ces considérations peut-être idéalistes mais point irréalisables que je prends congé de vous, chère lectrice, cher lecteur. Début 2009, j’ai eu le privilège de participer au lancement d’ «EDITO», puis, en 2011, à la fusion avec Klartext. Pendant cinq années, j’ai partagé beaucoup de complicité avec de nombreux journalistes qui ont signé dans ces colonnes. Un motif important de satisfaction a été de parvenir à les rémunérer à des conditions respectant les barèmes conventionnels, tout en leur offrant la possibilité de s’exprimer en toute liberté. Je passe le flambeau de la rédaction en chef à Alain Maillard que vous connaissez bien car il a «sévi» en son temps dans ce magazine en tenant la chronique «Médialogique». La barre d’EDITO+KLARTEXT est dans de bonnes mains. Bon vent à toutes et à tous!

Editorial paru dans EDITO+KLARTEXT No 6/2013. Photo de l’auteur: Vincent Murith

 

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