La fin du Matin papier – 20.07.2018

La décision « indécente » de Tamedia de quitter la médiation

La médiation entre Tamedia et les Conseils d’Etat vaudois et genevois entamée le 6 juillet dernier est interrompue de manière abrupte par l’éditeur zurichois.

Selon les Rédactions romandes de Tamedia, soutenus par les syndicats Impressum et Syndicom, c’est «une décision particulièrement indécente puisqu’elle intervient la veille du dernier jour de production du Matin Semaine.» Dans leur communiqué commun, ils estiment «qu’une fois encore Tamedia n’a pas tenu son engagement. Après deux semaines de séances de travail où il s’est borné à refuser toutes les propositions faites par la délégation du personnel, il met violemment fin à la médiation.» Les Rédactions romandes du groupe prennent note que le dialogue est définitivement rompu à Tamedia et que «l’éditeur préfère pousser ses collaborateurs aux dernières extrémités plutôt que de s’asseoir à une table pour dialoguer.»

La médiation avait commencé le lundi 9 juillet sous l’égide du Conseil d’Etat, représenté par Madame Nuria Gorrite, Présidente du Gouvernement cantonal, et M. Philippe Leuba. Elle avait mis fin à trois jours de grève des employés des rédactions romandes de Tamedia.

Risque de conflit collectif

Les gouvernements des cantons de Vaud et de Genève se disent «consternés» par la décision de Tamedia de quitter la médiation qu’ils avaient proposée. «A l’heure où des pistes sont explorées pour atténuer l’impact de la disparition du Matin papier sur l’emploi et la diversité médiatique, cette décision unilatérale rompt de manière abrupte le processus d’étude de toutes les alternatives et fait à nouveau planer un risque de conflit collectif.» Selon les autorités, la médiation demandait un minimum de temps pour des analyses approfondies afin qu’elle puisse porter ses fruits. «Tamedia s’est engagé dans ce processus sans réelle volonté de proposer ou de devoir élaborer des solutions différentes de la stratégie initiale de l’entreprise.»

Dans La Matinale de la Première sur la RTS, Jacques Pilet a répondu à la question de savoir si Tamedia avait instrumentalisé le gouvernement vaudois. «Cela y ressemble, en tout cas, puisque le premier pas dans cette discussion était de faire cesser la grève des rédactions romandes en perspective de la poursuite de la négociation. Tout d’un coup, on interrompt tout… c’est évidemment une provocation d’une grande violence.» Selon le fondateur de l’Hebdo, «même les multinationales américaines qui se sont retrouvées dans des situations semblables ne se sont pas comportées de la même façon avec les gouvernements vaudois et genevois.»

Négociation d’un plan social

L’éditeur veut maintenant se consacrer en priorité à la négociation d’un plan social sous l’égide de l’Office cantonal de conciliation et d’arbitrage en matière de conflits collectifs de travail.

Dans la négociation d’un plan social, Tamedia entend proposer «des mesures d’accompagnement qui permettront aux personnes touchées d’atténuer les conséquences liées à la perte d’un emploi et de pouvoir les aider à mieux retrouver une nouvelle activité professionnelle».

Le projet Le Matin Sports, périodique imprimé, en collaboration avec Christian Constantin, est toujours à l’étude. Quant au Matin Papier, il va être imprimé pour la dernière fois demain.

 

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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