Luc Recordon, ancien conseiller aux Etats vaudois. Photo: Keystone

Actuel – 09.06.2021

Le bout du tunnel pour la presse romande ?

Une étude pour créer une structure de soutien à la presse romande est attendue cet été. Premiers indices.

PAR ALAIN MEYER

A l’attention des pouvoirs publics, le think thank Nouvelle Presse doit livrer une étude pour que les décideurs politiques romands puissent à l’avenir soutenir – en connaissance de cause et de façon pérenne – une presse écrite romande économiquement aux abois. Travaillent sur cette étude, depuis le 1er février 2021 et sur mandat de Nouvelle presse : les Drs Gilles Labarthe et Denis Gay, co-directeurs de l’équipe de recherche indépendante formée aussi par le Dr Daniel Beck, tous trois en qualité de chercheurs rattachés à l’Université de Fribourg et co-auteurs de l’étude, avec Ulrich Fischer, consultant indépendant. Côté politique: l’ancien conseiller aux Etats neuchâtelois Didier Berberat ou son ancien collègue sous la Coupole fédérale l’avocat écologiste vaudois Luc Recordon. Les membres de ce think thank planchent sur des remèdes et solutions pour envisager le futur de la presse romande autrement. L’étude sera présentée d’ici la fin de l’été.

Loterie Romande inspirante. « Nous explorons les formes de soutien accordées aux médias dans le nord de l’Europe par exemple. En particulier en Scandinavie », nous explique Luc Recordon. Qu’il s’agisse de fondations ou d’organismes dotés d’autres statuts juridiques encore. « En Suisse, le fonctionnement d’une société s’inspirant de celui de la Loterie Romande, qui redistribue équitablement des sommes, serait une possibilité », avance-t-il. Mais le temps presse (sans jeu de mot).

Depuis les liquidations du magazine L’Hebdo, du quotidien Le Matin papier ou dans la foulée de la grève à l’Agence télégraphique suisse en 2018, villes et cantons romands n’ont cessé durant cette longue agonie de clamer leur foi en une presse libre, robuste et irriguant la démocratie. Avec plus ou moins de succès.  Plusieurs projets d’aide sont déjà en route dans ces villes et cantons. A se demander même si une étude de plus n’est pas une étude de trop ?

« Nous établissons actuellement l’état des besoins de la presse romande ainsi qu’un cadre éthique qui garantit l’étanchéité du processus. Mais il est vrai que les collectivités publiques mandantes nous ont demandé de réfléchir aussi à une meilleure coordination des aides et soutiens prodigués à l’échelle romande », poursuit Luc Recordon.

Entre Vaud et Genève. Ce que confirme la Ville de Genève. Une fois l’étude publiée, « la volonté est de pouvoir revenir ensuite vers les autres collectivités publiques de Romandie avec une proposition plus claire sur ce qui est nécessaire de faire. Avec des pistes à mettre en œuvre », résume
Félicien Mazzola, bras droit de l’ancien maire de Genève Sami Kanaan. Reste que l’impulsion vient d’abord à 100 % de l’arc lémanique. « Consultée, la Conférence des Gouvernements de Suisse occidentale (CGSO) n’est jusqu’ici pas entrée en matière », relève Luc Recordon.

« L’idée était qu’une telle structure ne pouvait être que supracantonale pour avoir la taille critique adaptée pour apporter un soutien structurel suffisant à ce domaine », poursuit Félicien Mazzola. Les cantons de Genève et de Vaud et les villes de Genève et Lausanne partageant globalement les mêmes visions que Nouvelle Presse, une union des forces s’est imposée de fait pour soutenir cette recherche exploratoire avec une enveloppe de départ de 60 000 francs.

Diversité intéressante. Son but: établir les fondements de ce qui pourrait
constituer à terme une fondation romande de soutien aux médias, résume Félicien Mazzola. Sans dénigrer pour autant les aides et viatiques disparates qui fleurissent déjà ici ou là à travers la Suisse romande depuis trois ans. « Ne pas confondre appui structurel avec soutiens ponctuels. La diversité des soutiens n’est pas inintéressante car elle permet de susciter des initiatives novatrices », précise l’adjoint du maire. « Nous ne faisons pas du lémanocentrisme. Les autres cantons seront conviés à une réunion lorsque l’étude sortira », conclut Luc Recordon.

 

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