M comme Marc-Henri Jobin – 06.03.2019

Le retour du contenu

Vous n’allez pas le croire, je me suis réabonné! Et à plusieurs journaux. En fait, à leur version en ligne. C’est fait, j’ai payé. Depuis peu, j’ai l’entier de leur contenu sur mon mobile et ma tablette, suppléments inclus.

Désormais, je passe mes soirées à redécouvrir des articles fouillés et consistants et à me régaler de nouveaux formats qui m’échappaient: pas mal de vidéos explicatives et, signe des temps, quelques podcasts. L’occasion de me convaincre que les médias print sont désormais raccord avec le 21e siècle.

J’avais oublié cette sensation. Mais faire son choix, prendre le temps de lire, voir, entendre: quelle satisfaction! Et quel gain de temps! Plus besoin d’écrémer sans cesse mes comptes Twitter et Facebook pour y déceler de rares perles dans un réseau devenu boursouflé, «gueulatoire» et incohérent. Je retrouve des infos choisies, une vision, des approfondissements et analyses qui mettent mes avis et raisonnements au défi, une narration incitative, un souci de la nuance et de l’illustration. Du prêt-à-consommer certes, mais intelligent, divertissant, varié, avec beaucoup de découvertes, comme avant dans les journaux papier que j’ai peu à peu délaissés, accaparé par le bourdonnement incessant des réseaux et des messages non lus.

Cela faisait un moment que je voulais faire le pas. C’est chose faite et sans même casser ma tirelire. Mes nouveaux abos, je les ai payés avec les dizaines de francs que j’ai économisés sur le choix d’un nouveau forfait mobile et d’un autre fournisseur d’accès. J’ai renoncé du coup au réseau câblé: fini les sessions de zapping avachi dans mon sofa. Mes émissions, je les choisis sur les apps de mes chaines préférées et les regarde en temps voulu, en partage d’écran.

Montant épargné: 83 francs par mois, 996 francs par an, sans compter le gain de temps! De quoi financer, pour une année, l’accès aux versions digitales complètes du Monde et de 24heures/TdG ou du Temps ainsi que, via PressReader, la lecture des versions PDF de Sept, de la NZZ, du Figaro, des Echos, de L’Equipe, de L’Obs, des Inrocks, de Marianne, du Washington Post et de centaines d’autres titres.

Mais la meilleure nouvelle, c’est que je ne suis pas seul à agir de la sorte. Partout les journaux, après avoir restreint leur accès, constatent une hausse marquée de leurs abonnés en ligne. Passé l’engouement pour le gratuit et les formats tirés des nouveaux outils, le public veut aussi, à nouveau, du contenu. Les spécialistes de la vidéo soulignent l’importance désormais décisive du récit en plus des images. On veut ici davantage d’oralité, plus d’histoires, comme on souhaite là relire des articles longs qui donnent à réfléchir et à comprendre ou qui permettent de s’évader.

Une lueur d’espoir ? Oui et sans doute mieux que cela. Le temps que les publicitaires prennent acte du revirement, ce pourrait bien être la lumière au bout du tunnel.

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