Portraits du paysage – 06.03.2018

Les Suisses, ces grands pudiques

Alors que la démocratie directe permet à la population de s’exprimer souvent et considérablement sur le plan politique, cela se fait néanmoins avec une certaine retenue. Le rejet de l’initiative No Billag l’a montré une nouvelle fois ce week-end. Elle n’est pas un cas isolé ni une nouveauté. On n’ose pas trop donner son opinion, soi-disant que l’on n’a pas encore tranché. « Oui, ce serait une bonne chose, mais tout de même, est-ce bien raisonnable ? »

Le décalage entre les sondages pré-votations et les résultats témoigne une nouvelle fois de cette retenue, de ce mal à dire ce que l’on pense, du souci du politiquement correct. Pour le cas qui nous occupe, le rejet du texte contre la redevance radio et télévision, il a semblé que la population avait honte de son attachement à la SSR, qui « fait » néanmoins la Suisse et la rassemble. Il a semblé aussi que parfois, les citoyennes et les citoyens ne se rendaient pas compte de tout ce qui était produit par la SSR, mais aussi les médias locaux.

Les cœurs helvétiques savent, mais ils n’osent pas dire. Un peu comme tout ce qui touche aux particularités suisses. Un peu comme on ne parle pas des salaires parce qu’on sait qu’ils sont meilleurs qu’ailleurs par exemple.

Pourquoi ne pas s’affirmer clairement ? Afficher ce que l’on pense, parfois malgré des contradictions ? Alain Rebetez est apparu très ému sur le plateau de la RTS hier. Il a rappelé le côté émotionnel de la campagne. Vivons donc ces émotions jusqu’au bout et assumons-les à l’avenir. Parce qu’elles font partie de la démocratie directe.

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