Photo: Franziska Willimann

Carte blanche – 09.06.2021

«Murdered Sisters»

Nadia Brügger, spécialiste en littérature, Sylke Gruhnwald, journaliste, et Pauline Martinet, infographiste, gèrent le site stopfemizid.ch. Elles ont écrit ce texte ensemble. L’image symbolique est de Franziska Willimann.

12 Janvier 2021, Breitenbach, Soleure. La femme avait 90 ans.
17 janvier 2021, Gunten, Berne. La femme avait 31 ans.
5 février 2021, Recherswil, Soleure. Les deux femmes survivent.
8 février 2021, Bâle. La femme avait 39 ans.
16 février 2021, Winterthour, Zurich. La femme avait 32 ans.
23 février 2021, Buchs, Saint-Gall. La femme avait 22 ans.
23 février 2021, Wilchingen, Schaffhouse. La femme avait 80 ans.
25 février 2021, Otelfingen, Zurich. La femme survit, elle a 38 ans.
8 mars 2021, Breganzona, Tessin. La femme avait 77 ans.
12 mars 2021, Schafisheim, Argovie. La femme avait 44 ans.
15 mars 2021, Aeugst am Albis, Zurich. La femme avait 77 ans.
19 mars 2021, Bussigny, Vaud. L’âge de la femme est inconnu.
28 mars 2021, Bellinzone, Tessin. La femme avait 44 ans.
17 avril 2021, Malleray, Berne. La femme avait 87 ans.
22 avril 2021, Peseux, Neuchâtel. La femme avait 34 ans.

 

L’écrivaine canadienne Margaret Atwood emploie le terme de murdered sisters (« les sœurs assassinées ») pour se référer à ces femmes, « parce que – malheureusement – elles sont si nombreuses ». Chaque jour, 137 femmes sont assassinées dans le monde.

Les féminicides* ne sont pas des incidents isolés, mais bien le résultat d’une violence structurelle qui trouve son origine dans les rapports de domination patriarcaux de notre société. La violence à l’encontre des femmes est souvent considérée comme une affaire d’ordre privé, ce qui ressort de la manière dont la société la définit : en Suisse, le terme de féminicide n’est pas encore un terme juridique établi.

Là où les définitions et les statistiques font défaut, la violence faite aux femmes, aux filles ou aux personnes qui sont perçues comme des femmes demeure invisible. Sur le site stopfemizid.ch, nous cherchons à documenter chaque féminicide ou tentative de féminicide. Nous avons conscience que la liste est incomplète.

Le site fournit aussi un guide pour la rédaction d’articles ou de reportages sur les cas de violence contre les femmes et les féminicides, afin d’aider les journalistes à informer d’une manière sensible et respectueuse. Les articles et les reportages doivent en effet à tout prix éviter de traumatiser à nouveau les survivants et la famille et ne pas inciter des auteurs potentiels à passer à l’acte.

Voici une liste de règles à suivre :

  • Garder à l’esprit que ce sont la prévention et l’éducation qui comptent, et non la sympathie ou la compassion pour l’auteur de l’acte.
  • Contextualiser la violence structurelle.
  • Ne pas montrer d’images de la victime ni mentionner son nom.
  • Respecter le deuil. Les personnes qui étaient proches de la victime ont le droit d’être protégées et de vivre leur deuil en paix.
  • Prendre en compte et utiliser les résultats des recherches queer et féministes.
  • Ecrire sur d’autres sujets. Eviter de publier des articles rapportant des actes de violence faite aux femmes, si leur seul objectif est de générer des clics.
  • Et comme les images employées pour illustrer les articles peuvent aussi traumatiser les familles, nous mettons à disposition des journalistes des photographies de Franziska Willimann qui s’abstiennent de représenter directement la violence.

* Le féminicide désigne le meurtre d’une femme ou d’une fille en raison de son sexe (Red.)

 

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