Actuel – 14.02.2014

Peut-on sauver « Libé » ?

Depuis une semaine, la crise du quotidien français laisse de moins en moins d’espoir à sa survie. Hier, le directeur Nicolas Demorand a démissionné. Selon diverses sources, il n’avait pas remis les pieds au journal depuis que la rédaction, samedi 8 février, a publié en Une ce titre : « NOUS SOMMES UN JOURNAL, pas un restaurant, pas un réseau social, pas un espace culturel, pas un plateau télé, pas un bar, pas un incubateur de start-up » – titre réagissant à une lettre ouverte de ses propriétaires, publiée à l’intérieur, et prévoyant que Libération ne soit plus « un seul éditeur de presse papier », mais un « réseau social, créateur de contenus monétisables » et que son siège parisien soit transformé en espace culturel.

La crise de « Libé » paraît emblématique. En 2013, les ventes en kiosque ont baissé de près de 30%, passant sous la barre des 30.000 exemplaires. Tous les quotidiens souffrent, Libération semble pâtir plus encore de la baisse de lecture pour des raisons de positionnement politique devenu peu clair. La dette s’accumule, les salaires ne seront bientôt plus versés. Mais le titre est connu, aimé par des milliers de fidèles, n’y a-t-il pas d’autres manières de le maintenir en vie ?

Contre-exemple : la « TAZ »

Le site Arrêt sur images propose une comparaison intéressante avec la Tageszeitung, quotidien allemand créé en 1979 sur le modèle alternatif de Libération. Ebranlée par la chute du Mur de Berlin, la TAZ s’est transformé een coopérative en 1992. Même si le journal vit modestement, et les salaires sont très bas (30% du barème), sa situation tend à s’améliorer. Le nombre de sociétaires (plus de 13.000) augmenterait de mille  par année depuis la crise de 2008. « Plus la situation se dégrade pour les journaux classiques, plus les gens veulent défendre une presse indépendante. » dit un responsable cité par Arrêt sur images.

La Tageszeitung vend des produits dérivés (moutarde bio, vélos, jeux en bois, vêtements), son site est gratuit mais on y fait appel à la conscience des lecteurs : à la lecture de chaque article, une bannière s’affiche invitant à payer volontairement pour l’article, mais en laissant aussi le choix de refuser. Néanmoins les abonnements e-paper augmentent, représentant désormais 10% de l’ensemble.

Chaque situation a bien sûr ses particularités. Mais Libération, qui appartient à de riches investisseurs,  pourrait-il s’inspirer davantage de la TAZ ?

AM

 

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