Qualité des médias: la confiance des Suisses est élevée, mais risque de diminuer

Chaque année, les Annales qualité des médias analysent et documentent les évènements et les évolutions les plus importantes du monde médiatique en Suisse. Les constats principaux de l’étude élaborée et publiée par le fög de l’Université de Zurich. Par Sylvain Bolt.

Selon cette étude, l’utilisation du service public renforce la confiance dans le système médiatique. Cela accroitrait la disposition des auditeurs à payer pour les nouvelles, ainsi que l’acceptation de la publicité (par exemple dans les médias en ligne).

La confiance accordée au système médiatique est relativement élevée en Suisse en comparaison internationale (5^e place sur 13 pays analysés selon l’étude comparative). Les femmes sont plus confiantes que les hommes; plus les personnes sont jeunes, plus la méfiance est grande.

Le journal par abonnement imprimé, qui offre un mélange bien équilibré de nouvelles politiques, économiques et culturelles, ainsi que la radio publique avec ses traitements variés, contribuent le plus à diversifier les contenus. Et la diversité est considérée comme un critère décisif, car elle est la seule à offrir au public une gamme étendue de sujets (religions, sciences, médias, arts) traités selon différents points de vue.

Risque de diminution de la confiance dans le système médiatique en Suisse à l’avenir

Un sondage auprès des auditeurs et lecteurs a confirmé la grande qualité des journaux par abonnement et de la radio publique, également constatée par l’analyse de contenu réalisée. Il est intéressant de relever le fait que les jeunes, qui consomment peu de médias de haute qualité, ont tout de même le sens de la qualité et reconnaissent l’importance du journalisme d’information professionnel pour la société et la démocratie.

Ceux que l’étude appelle les «indigents médiatiques», qui ne consomment guère de médias de qualité mais des journaux pour pendulaires, des offres en ligne gratuites ou les médias sociaux, forment le plus grand groupe d’utilisateurs. De 21% en 2009, ils sont passés à 31% en 2016. Les jeunes adultes et les jeunes femmes en particulier y sont fortement représentées. Cette forte proportion d’«indigents médiatiques» risque d’avoir pour conséquence une diminution de la confiance dans le système médiatique en Suisse à l’avenir.

Taux de pénétration particulièrement élevé d’utilisation mobile des médias en Suisse

Les médias sociaux représentent la principale source d’information des jeunes adultes (65% des personnes interrogées de 18 à 24 ans ont indiqué avoir utilisé les médias sociaux «la semaine dernière pour obtenir des nouvelles»). Selon l’étude, 47% des personnes interrogées en Suisse disent s’informer au moins une fois par semaine par les médias sociaux. Les médias sociaux et Facebook en particulier sont les sources principales d’information principale pour 22% des jeunes de 18 à 24 ans (et de 4% des personnes âgées de plus de 55 ans).

A relever que 20 minutes attire 20’209 réactions du public en moyenne et par jour sous forme de commentaires, d’attribution de « likes » ou de partage de liens vers un article. C’est environ dix fois plus que les pages Facebook à caractère d’information de la RTS et presque cinquante fois plus que les offres du journal par abonnement L’Express. A noter aussi qu’à peine 11% des jeunes adultes citent encore la télévision comme leur source principale de nouvelles.

Enfin, la Suisse se distingue par un taux de pénétration particulièrement élevé d’utilisation mobile des médias en comparaison internationale. En Suisse, 81% des personnes interrogées utilisent un Smartphone et 61% (4^e rang des 26 pays étudiés) disent l’utiliser également pour consommer des nouvelles. Le mobile constitue déjà l’outil principal pour accéder aux nouvelles numériques pour 43% d’entre-elles.