Actuel – 07.10.2014

« Sans aide, l’ATS ne pourra plus être trilingue »

La Commission fédérale des médias propose que la Confédération subventionne l’Agence télégraphique suisse. Pourquoi et comment ? Extrait d’un entretien avec Bernard Maissen, rédacteur en chef de l’ATS et membre de la COF­EM. Version complète dans EDITO + Klartext no 5 /2014.

L’ATS est-elle en danger ?

Nos comptes sont équilibrés. Mais nous avons dû restructurer en 2010-2011, diminuer les postes de travail et fermer des bureaux régionaux suite à la disparition de plusieurs quotidiens gratuits (dont le Matin bleu). Nous continuons à perdre entre 2 et 5 % de nos recettes chaque année en raison de la diminution des tirages et des audiences de nos clients, alors que nos coûts augmentent. Nous faisons face à des rédactions online, à des newsrooms qui travaillent plus ou moins comme l’ATS, nous sommes sous pression d’aller très vite tout en assurant une grande fiabilité : be first, but first be sure. Malgré tout cela, nous tenons encore le coup en faisant des économies autour des rédactions, dans le marketing, la comptabilité, et nous parvenons à maintenir nos prestations. Mais si un client important était contraint de fermer, nous serions fichus.

Quel rapport avec la question linguistique ?

Notre force et en même temps notre problème, c’est le plurilinguisme. Le prix des trois services, en allemand, en français ou en italien, est le même. Mais le marché n’est pas le même. Le marché en italien ne peut pas financer notre service en italien, le marché en français ne peut pas financer notre service en français. Il n’y a là rien de nouveau. Mais dès le moment où le service en allemand ne fait plus assez de bénéfices pour porter les deux autres services, ça devient un problème.

Ce transfert du service en allemand vers les deux autres services atteint, pour les coûts complets, 2,5 à 2,7 millions de francs par année. C’est énorme. Dans 5 ans, si rien ne se passe, les éditeurs qui font vivre l’ATS ne seront plus en mesure d’assumer ce service public dans les trois langues. Il y a donc deux possibilités : soit on réduit l’offre fortement en français et en italien, ce que nous ne voulons pas parce que nous sommes une agence nationale, soit on essaie de régler ce déséquilibre entre les régions linguistiques avec l’aide de la Confédération.

Propos recueillis par Alain Maillard

 

 

 

 

 

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