Actuel – 22.01.2017

Trump débute sa « guerre permanente avec les médias »

La relation de Donald Trump avec les médias est tendue et n’est pas près de s’apaiser. Revue de presse non-exhaustive du point de vue de quelques médias américains au lendemain de l’investiture du 45e président des Etats-Unis. Par Sylvain Bolt.

Les médias américains ont adressé une lettre ouverte au futur président des Etats-Unis mardi 17 janvier dernier, lui reprochant de « leur empêcher de couvrir son élection » et déplorant des relations tendues avec lui. Des tensions qui ont été amplifiées par les rumeurs faisant part d’une possible suppression de la salle de presse dans la Maison Blanche et des insinuations faites par Trump concernant une restriction du nombre de journalistes accrédités à Washington.

Politico, média politique basé à Washington, comparant les Unes de quotidiens américains le jour précédent l’investiture de Barack Obama en 2009 et de Donald Trump en 2017, estime que l’intérêt médiatique est beaucoup moins fort cette année. Les titres « At the door of History » ou « History in the making » de 2009 sont remplacés par des titres évoquants les confirmations du cabinet de Trump ou sur des Unes liées aux informations locales. Le peu d’enthousiasme des médias est palpable.

Depuis le début de la campagne présidentielle, les tensions Trump-médias ont été exarcébées sur les réseaux sociaux, sur lesquels Donald Trump se montre très agressif envers les médias, coupables selon lui de diffuser de fausses informations et d’avoir été pro-Clinton avant son élection. « Il va essayer de décrédibiliser les organes de presse qui ont une couverture critique, chercher à les dresser les uns contre les autres, récompenser la couverture flatteuse de médias ouvertement pro-Trump et encourager les autres à suivre», estime Matt Gertz, chercheur au sein de l’organisation indépendante Media Matters, sur son blog et cité par l’AFP.

Des journalistes « malhonnêtes » 

Dans son édition du samedi 21 janvier, le New York Times estime quant à lui que la tension vient en partie de la surprise de « l’amère élection » de novembre mais également en raison de deux scénarios en contradictions observés à la télévision lors de l’investiture du 20 janvier. L’un des plus prestigieux quotidiens américains propose ainsi une analyse pertinente entre le rituel de l’investiture – scénario traditionnel vu et revu, transition du pouvoir dans la paix – d’une part et la narration de Donald Trump – Mr. Reality TV, personnage surprenant et plein d’intrigue – de l’autre. « Un jour réservé habituellement à l’unité a été ressenti comme un conflit continu », estime le journal.

Le lendemain de son investiture, lors d’un discours au siège de la CIA, le 45e président des Etats-Unis a tout fait sauf calmer la tension. « Je suis en guerre permanente avec les médias. Les journalistes font partie des êtres humains les plus malhonnêtes de la terre ». Et Donald Trump d’accuser notamment les médias d’avoir menti sur la taille de la foule venue l’écouter à Washington. Sean Spicer, nouveau secrétaire de presse de la Maison Blanche lors de sa première conférence samedi, a ainsi notamment accusé les organes de presse d’avoir « intentionnellement manipulé des photos pour minimiser l’énorme soutien » au président Trump lors de son investiture.

« Son discours d’investiture (ndrl: de Trump) laisse penser que les Etats-Unis et ses organes de presse ne doivent pas s’attendre à une sieste apaisante ces prochains temps », conclut, pessimiste, le New York Times dans son édition du week-end.

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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