Actuel – 13.09.2016

Le scrollitelling, ou le retour du long format sur la Toile

Le web est souvent perçu comme un « fourre-tout », considéré comme moins digne de confiance que le print ou la TV. Pourtant, des formats innovants voient le jour sur le Web, comme le « scrollitelling ». Ce dernier redonne au format long sa place sur la Toile et amène une réelle plus-value. Par Sylvain Bolt.

Construire un récit en ligne sur une seule page web en le déployant sur sa longueur. Ce format nommé scrollitelling, amalgame lexical dérivé du mot composé « storytelling » – l’art de raconter une histoire – est forgé à partir de « scroll » et de « tell ». Alors que l’heure est aux récits courts et aux notifications sur le web, ce format privilégie au contraire le format long et l’esthétique.

Le New York Times et son célèbre récit « Snow Fall, The Avalanche at Tunnel Creek », a été le pionnier en la matière en 2012. Plus près de chez nous, le magazine sportif de référence l’Equipe a lancé en avril 2013 l’Equipe Explore.

Au sein de l’Equipe, trois personnes sont sur les nouvelles écritures, nous confie son directeur Jérôme Cazadieu. « Elles font aussi un peu de print, des sujets pour notre chaîne TV. En fait, elles s’occupent du transmédia. ». La collaboration est primordiale, puisqu’un graphiste (webdesigner), un journaliste et un technicien sont nécessaires pour réaliser un long format de type Equipe Explore. Le format a cependant un coût, « jusqu’à 5-6000 euros pour certains récits», selon Jérôme Cazadieu. « Mais cela reste tout à fait raisonnable pour un média comme l’Equipe et je pense que la plupart des grands medias doivent être en mesure de le réaliser. » Sans aucune notion de codage informatique, des logiciels d’aide à la narration créative permettent de démocratiser la mise en forme de son histoire journalistique.

L’interaction proposée aux internautes favorise leur engagement, les éléments multimédias favorisent l’immersion dans l’histoire. Dans un marché de plus en plus concurrentiel, le scrollitelling permet également d’amener une plus-value à une histoire ou un article avec un visuel esthétique qui attire l’œil de l’internaute. « L’Equipe Explore nous permet d’aller chercher parfois sur un mois 700 à 800’000 visites, dont parfois 4 à 5000 personnes qui n’étaient jamais venues sur notre site », se félicite Jérôme Cazadieu.

La Romandie s’y met aussi 

D’autres médias ont suivi. Et en Suisse-romande ? Le long format version web a également la cote. Des exemples récents de scrollitelling ont émergé dans les quotidiens romands. C’est le cas de la Tribune de Genève et son reportage sur le marathonien Tadesse Abraham, l’enquête du Matin Dimanche sur un réseau de passeurs ou encore le reportage sur les oubliés du Gothard du quotidien Le Temps. Le long format n’est pas mort, vive le long format.

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

Votre commentaire

Veuillez remplir tous les champs.
Votre adresse e-mail n'est pas publiée.

* = obligatoire

Code de vérification *