Capture d'écran l'Hebdo.ch

Actuel – 24.01.2017

Revue de presse de la fin de L’Hebdo

La consternation et l’inquiétude s’expriment largement dans la presse romande après l’annonce que L’Hebdo du 2 février sera le dernier numéro du magazine, après 35 ans d’existence. EDITO vous en propose quelques morceaux choisis. Par Sylvain Bolt. 

«Nous avons travaillé à une nouvelle formule de refonte de +l’Hebdo+ qui aurait dû sortir ce printemps. Ce projet développait l’évènementiel et le numérique. Nous l’avions présenté à l’éditeur (réd : Ralph Büchi) au mois de septembre. Il n’y a pas cru. Il l’a trouvé novateur mais pas assez prometteur au plan économique (…). De manière générale, il pense que les magazines d’actualité ne sont pas d’avenir (…). Nous nous sommes battus jusqu’au bout. En vain.» Interviewé dans les colonnes de «La Liberté», le rédacteur en chef depuis 2013 de «L’Hebdo», Alain Jeannet, est dépité.

Dans «Le Temps», qui partage la Newsroom avec «L’Hebdo» et qui va aussi être touché par ces 37 postes supprimés, l’éditeur du magazine romand amené à disparaître explique la décision prise par son groupe Ringier Axel Springer Suisse. «Nous avons passé l’année 2016 à chercher des solutions pour «L’Hebdo», notamment auprès de tiers, des éditeurs, mais aussi des fondations sans vocation commerciale. Mais aucune porte ne s’est ouverte. Cette famille des «news magazines» se trouve en situation critique dans le monde entier, elle compte parmi les premières victimes de la transformation des médiasEt Ralph Büchi de tenter de justifier sa décision. «Nous, les éditeurs, ne faisons que tirer les conséquences des bouleversements dans la consommation des médias par nos clients, que ce soit comme lecteurs ou annonceurs.»

Face à l’effondrement des recettes publicitaires et la baisse des abonnements payants dont «L’Hebdo» a été l’une des victimes, «La Tribune de Genève» évoque l’idée relancée par la gauche de plan d’aide aux médias pour maintenir un «système compatible avec la démocratie». Le quotidien genevois cite notamment Alberto Mocchi, président des Verts vaudois. «On peut imaginer une aide au journalisme via une fondation indépendante financée par l’Etat». Du côté des médias, qui craignent une ingérence étatique dans leur indépendance, «les avis sont tranchés» d’après le quotidien genevois qui cite notamment Serge Reymond, le patron de la division de tous les médias payant de Tamedia. «C’est seulement en apportant une valeur ajoutée à la communauté que les gens seront prêts à payer pour nos contenus». A l’origine de «L’Hebdo» et patron du magazine de 1981 à 1991, Jacques Pilet évoque dans la «Tribune de Genève» un «coup grave porté au journalisme romand». «Le Quotidien jurassien» estime lui que la décision provoque «un regrettable nouvel appauvrissement du paysage médiatique helvétique.» 

« Séisme dans la presse romande »

«Le Matin» titre dans sa version imprimée : «Ringier sacrifie L’Hebdo pour le bien du Temps», faisant référence à la volonté de l’éditeur de tout miser sur le quotidien survivant de la Newsroom lausannoise. «Le corps est encore chaud. Trente-cinq ans après sa naissance triomphante, l’emblématique hebdomadaire romand L’Hebdo n’est plus», peut-on lire dans «Le Courrier». Le quotidien genevois rappelle qu’«à l’heure de la «post-vérité» et d’une difficulté croissante à s’informer, disposer d’une presse variée – dont les méthodes respectent une déontologie stricte dans la recherche de la vérité – n’a cependant jamais paru si important. Un exercice difficilement compatible avec les aspirations des grands éditeurs, motivés par une obsession de rentabilité ou par des agendas politiques particuliers.»

En Une du «Nouvelliste» : «Séisme dans la presse romande». Le quotidien valaisan estime «que l’on apprécie ou que l’on déteste le ton que développait ce magazine – les réactions sur les réseaux sociaux hier démontrent qu’il ne laissait en tout cas pas indifférent – la décision (…) met fin à l’histoire d’un titre qui aura marqué son temps. Mais ce temps n’est plus». Il rappelle aussi que certains prédisent «la mort certaine du journal papier dans quatre ou cinq ans» et la nécessité pour la presse quotidienne «d’évoluer si elle ne veut pas totalement disparaître».

Syndicom parle d’«un nouveau coup dur contre la presse romande» et demande une prise de conscience politique et la recherche de solutions urgentes pour la presse. Enfin, Impressum se dit «consterné par la disparition de l’Hebdo» et demande au groupe Ringier Axel Springer «de ne procéder à aucun licenciement jusqu’à ce que des mesures alternatives soient examinées d’entente avec la société des rédacteurs et impressum.»

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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