Capture d'écran publicitas.ch

Actuel – 25.05.2018

AdAgent, l’après Publicitas?

Créée par AZ Medien, le Corriere del Ticino, la NZZ, Tamedia et Médias Suisses, AdAgent est opérationnelle depuis le 22 mai. Interview de Jürg Weber, président du conseil d’administration de la nouvelle agence publicitaire qui veut faciliter les démarches dans les campagnes d’annonces, sans pour autant remplacer la défunte Publicitas.

EDITO: Qu’est-ce que AdAgent exactement ?

Jürg Weber: Publicitas faisait fondamentalement du bon travail. Nous voulons reprendre le principe de «one order, one bill», pour que le client puisse publier dans plusieurs titres ses annonces tout en recevant  qu’une seule facture au final. Ceci afin de lui faciliter la vie. Nous nous occupons des relations avec chaque titre de média, en nous chargeant de transmettre les annonces aux éditeurs. Pour résumé, nous avons un rôle de soutien aux éditeurs et aux clients publicitaires. Contrairement à Publicitas, nous n’avons pas d’outil de planification et il y a des choses que nous ne faisons pas, comme la commercialisation d’annonces.

EDITO: À terme, allez-vous vendre des annonces ou démarcher des clients ?

Jürg Weber: Non, ce n’est pas prévu que nous soyons actifs dans la vente d’annonces. Notre rôle est passif.  C’est le rôle des maisons d’édition de démarcher les annonceurs, nous ne voulons pas leur faire concurrence ni faire de planification. Nous voulons faciliter le processus, être un outil utile et un prestataire de service pour les clients.

EDITO: Vous avez été créé en Suisse alémanique et êtes basés à Lucerne. Allez-vous traiter avec la Suisse romande ?

Jürg Weber: Nous sommes clairement ouverts aux clients de Suisse romande et aux éditeurs romands. Finalement, peu importe où se trouvent les personnes physiquement. Un client de Suisse orientale qui vient nous voir peut publier dans les trois régions linguistiques.

EDITO: Suite à la faillite de Publicitas, les éditeurs se sont organisés pour trouver des solutions (voir l’encadré ci-dessous). AdAgent est-elle vraiment nécessaire ?

Jürg Weber: La fin de Publicitas n’était pas une surprise. Ce n’était qu’une question de temps. Les clients et les agences se sont donc préparées à cela. Mais il manque un acteur qui facilite les démarches sur le marché et nous voulons remplir ce rôle. Nous allons maintenant voir si cela fonctionne et nous développer si nécessaire.

L’après Publicitas en Romandie

Les grands titres romands ont été moins bouleversés par la faillite de l’ancien empire Publicitas. La commercialisation des publicités régionales et nationales du Temps est assurée depuis fin 2013 par une régie propre, aujourd’hui Admeira. Chez Tamedia, un système similaire a été adopté et l’intermédiaire «Publicitas» a été supprimé. Mais plusieurs maisons d’édition ont dû se réorganiser et certains quotidiens romands ont dû rapidement trouver des solutions, comme ceux du groupe Romandie Combi (ROC), principaux touchés par le dépôt de bilan de Publicitas le 11 mai dernier. Les journaux du ROC (La Liberté Le Nouvelliste, Le Quotidien Jurassien, Le Journal du Jura et ArcInfo) ont ainsi transféré le courtage des publicités nationales à Gassmann Media. Localement, Le Nouvelliste a repris la régie valaisanne d’ImpactMédias ainsi que l’ensemble de son personnel et ArcInfo a fait de même avec la branche neuchâteloise.

Le Quotidien Jurassien, lui, s’est retrouvé dans une «situation préoccupante», comme l’a révélé son éditeur Sébastien Voisard dans l’émission Forum le 11 mai. «Nous bossions avec Publicitas comme régie exclusive depuis 120 ans. Cela signifie que la commercialisation de l’ensemble des espaces publicitaires était faite par Publicitas.» Une partie des recettes publicitaires des derniers mois ont été versées à Publicitas mais pas aux éditeurs. «Dans quelques mois, nous allons faire face à des problèmes de liquidités.» L’éditeur jurassien a précisé encore avoir créé en une semaine une petite structure appelée Syner J, en réengageant la grande majorité des collaborateurs de Publicitas. «Nous devons trouver des solutions pour passer le cap. Nous avons des centaines de milliers de francs de pertes.»

Effet domino de la chute de l’ancien géant dans le domaine publicitaire, l’un des trois quotidiens tessinois, le Giornale del Popolo (dernier quotidien catholique suisse qui appartient au diocèse de Lugano), a perdu 400’000 francs de revenus sur un budget de 4,5 millions. Il a annoncé sa fermeture le 17 mai. Impressum a réagi en déplorant «la perte d’un quotidien supplémentaire pour le Tessin, qui paie un lourd tribut du fait de sa situation minoritaire et de la crise des médias.»

Sylvain Bolt

Sylvain Bolt

Journaliste Web pour Edito.ch/fr. Diplômé de l'Académie du journalisme et des médias de l'Université de Neuchâtel.

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