Actuel – 01.10.2014

Assises (4) – Face aux cyberattaques

Vol de données, surveillance en ligne, attaques virales : de plus en plus de journalistes et de médias sont victimes de cyberattaques. D’où vient cette nouvelle menace et comment y faire face ? Compte-rendu par trois étudiants de l’AJM (*) qui ont assisté aux Assises du journalisme, mercredi 24 septembre à Lausanne.

Trois intervenants spécialisés dans la sécurité de l’information numérique étaient présents pour sensibiliser l’audience au risque de piratage informatique. Plusieurs pistes ont été abordées en vue d’améliorer la confidentialité des données. Protéger son ordinateur par un mot de passe et chiffrer son smartphone, pour commencer. « Il y a encore aujourd’hui des journalistes qui n’ont pas de code de déverrouillage sur leur téléphone », s’étonne Stéphane Koch, conseiller et formateur en technologie d’information et de la communication. L’expert préconise le cryptage des données en fonction de leur degré de confidentialité.

Il s’agit également de repérer les tentatives de « spear fishing ». « Les données fournies par la cible elle-même sur les réseaux sociaux permettent aux hackers d’accéder à des informations privées et d’envoyer des e-mails personnalisés contenant une pièce jointe virale », explique Mathieu Simonin, analyste au Département fédéral de la défense (DDPS).

Ces cyberattaques sont parfois dénoncées devant des tribunaux. Pourtant, ces procédures restent marginales. La faute au silence des entreprises et des médias ainsi qu’à la difficulté d’en retrouver les auteurs. « Au niveau des lois, RSF milite pour intégrer les questions de surveillance en ligne dans les textes juridiques nationaux », souligne Prisca Orsonneau, avocate et responsable juridique à RSF.

En Suisse, la Centrale d’enregistrement et d’analyse pour la sûreté de l’information (MELANI), rattachée au DDPS, traite de ces problèmes. « Nous faisons de la sensibilisation avec les entreprises publiques et les ecteur privés pour les aider à cerner cette menace et à y faire face », précise Mathieu Simonin.

Au niveau international, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté en décembre dernier plusieurs textes sur la protection des données numériques. « Suite aux révélations d’Edward Snowden, les États sont invités à revoir leurs pratiques et leur législation relatives à la surveillance et au respect de la vie privée», ajoute Prisca Orsonneau. Revers de la médaille, certains gouvernements interdisent la dénonciation des abus en matière de surveillance sous peine de sanctions pénales. Ces décisions ne permettent plus d’assurer la protection des sources et fragilisent le travail journalistique.

Maxime Fayet, Romain Michaud, Delphine Riand

(*) Académie du journalisme et des médias, à l’Université de Neuchâtel

Votre commentaire

Veuillez remplir tous les champs.
Votre adresse e-mail n'est pas publiée.

* = obligatoire

Code de vérification *