Actuel – 20.03.2020

The Geneva Observer, dernier-né des pure players romands

Ce nouveau projet pilote bénéficie depuis peu d’un partenariat avec Le Temps Objectif : « combler un vide informationnel » et offrir un traitement indépendant des news sur la Genève internationale.

Par Gilles Labarthe / Datas

La Genève internationale est une mine d’or en termes d’informations sur les grands enjeux géostratégiques de notre planète. Les possibilités d’interviews avec des interlocuteurs passionnants sont innombrables: actualités, décryptages, éléments de background … la « valeur ajoutée » est là, à portée de stylo, micro ou caméra. En août 2019, une aubaine se présente pour des journalistes-entrepreneurs attachés à ­soutenir un journalisme indépendant sur ce créneau si porteur : les autorités fédérales, l’Etat et la Ville de Genève ­lancent un appel à projets pour la création d’une « plateforme d’information sur la Genève internationale ». Une douzaine d’organisations et projets de médias concourent, dont le Club suisse de la presse, Global Geneva, magazine anglophone créé en 2017 par le journaliste et reporter américano-suisse Edward Girardet.

A l’origine

Autre candidat : The Geneva Observer – G+O, dernier-né des pure players romands, fondé par Philippe Mottaz. Dans ses bureaux situés à deux pas de la Place des Nations, ce journaliste chevronné nous raconte l’origine de ce projet, en parfaite cohérence avec son riche parcours d’ancien correspondant aux Etats-Unis : « Cinq années à New York, dix à Washington, comme journaliste accrédité à la Maison-Blanche… A mon retour en Suisse en 1994, j’ai été rédacteur en chef du télé-journal, puis directeur de l’information à la TSR… »

« Nous poursuivons notre recherche de fonds autour d’un projet recalibré »

Homme de convictions, Philippe Mottaz participe dès le milieu des années 2000 à Geneva World Radio, avec la volonté d’en développer la portée au niveau national … Las, en 2012-2013, la RTS et la Confédération se retirent de l’aventure. La radio de service public repasse à 100% en mains privées.

Dix professionnels

Philippe Mottaz ne désarme pas. Il imagine un pure player, qui pourrait aussi proposer une gamme de services : « centre de compétences, organisation de conférences, assistance aux médias… et se décliner en agence de presse, puisque les quotidiens d’information suisses et romands rabotent toujours plus les budgets consacrés à la couverture de la Genève internationale ». Reste à officialiser la phase de lancement, et à trouver des appuis. « Les recherches de financements ont démarré en 2018-2019. Nous avons déjà un soutien substantiel mais conditionnel d’une fondation suisse qui pour le moment ne souhaite pas communiquer son nom. »

Dans l’équipe d’une petite dizaine de professionnels incluant des conseillers, figure Stéphane Bussard, correspondant pour Le Temps. Le titre a annoncé son partenariat avec G+O en octobre dernier. Le pureplayer engrange des abonnés, reçoit l’appui de membres de soutien …

Un nouvel acteur

Le 7 octobre 2019, est soudain annoncée la création à Genève de la Fondation Aventinus, destinée à soutenir la diversité médiatique romande et les projets journalistiques de qualité par des dons voire des prises de participation. « Cette annonce est venue brouiller les cartes », regrette Philippe Mottaz. Plusieurs concurrents s’interrogent eux aussi sur l’arrivée de ce nouvel acteur, au beau milieu du processus de sélection de l’appel d’offres.

Fin 2019, c’est finalement le projet Geneva Global Solutions – porté par l’équipe de Heidi.news, qui a reçu entretemps le soutien financier d’Aventinus – qui remporte la mise. Dans une lettre ouverte publiée le 2 janvier 2020, Ed Girardet salue l’heureux gagnant et son équipe de qualité. Il pose aussi certaines questions. Pourquoi ne financer qu’un seul titre, et non pas une diversité de projets, portés par des journalistes-correspondants aux Nations unies ? La nouvelle plateforme digitale développera-t-elle vraiment un journalisme critique, avec un traitement indépendant des informations ?

D’autres se demandent ce que signifie l’approche du « journalisme constructif », que Serge Michel défend dans le cadre de ce projet : « raconter quelles solutions cette ville développe pour le reste du monde – sans pour autant cacher les obstacles, les aberrations, les impasses » ?

Le lancement des premières publications de Geneva Solutions devrait avoir lieu « fin mars, avec un site Internet opérationnel dès avril », nous informe Deborah Mattatia, responsable du développement et des partenariats chez Heidi.news. En attendant, pour G+O, pas question de lâcher. La fondation qui soutien déjà le pure player à hauteur de 500 000 francs « nous demande d’élargir notre tour de table. Nous poursuivons activement notre recherche de fonds autour d’un projet recalibré », conclut Philippe Mottaz.

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